Viser la neutralité carbone sans comprendre l'usage des bâtiments ?
La performance d’un bâtiment doit se mesurer par usager, et non par mètre carré !
Grâce à l’expérimentation E+C-, on sait qu’un appartement neuf est lié à environ 25 kgCO2e/m².an d’émissions de GES, sur la totalité de son cycle de vie. Mais comment comparer ce chiffre à l’objectif français d’empreinte carbone de 1 à 2 tCO2e/pers.an d’ici 2050 ?
On pourrait se contenter de considérer une occupation moyenne de 30 m²/pers et donc une empreinte du logement de 0.75 tCO2e/pers.an, mais ce serait extrêmement simpliste. Prenons un échantillon de 10 000 ménages d’Ile-de-France pour voir pourquoi.
La performance des logements, mesurée par usager, peut varier d’un facteur 30 selon les situations individuelles
Au niveau individuel, l’intensité d’usage varie beaucoup : entre 5 et 150 m²/pers ! Cela signifie que pour le même logement, l’empreinte carbone de ses habitants peut varier d’un facteur 30 selon son usage, entre 0.3 et 3 tCO2e/pers.an.
En fait, ce sont les trajectoires résidentielles et familiales qui expliquent (en partie) ces disparités. Le schéma est le suivant : les personnes disposent de 25-30 m²/pers jusqu’à 50 ans, puis d’environ 50 m²/pers au-delà, quand les enfants quittent le ménage.
La catégorie socio-professionnelle joue également : les cadres disposent en moyenne de 7 m² de plus par personne que les ouvriers ou les employés.
Bien sûr, les trajectoires individuelles sont bien plus complexes, comme le montre la dispersion des données de surface par personne. Ce niveau de détail nous permet d’analyser précisément l’impact d’un programme immobilier non seulement en fonction de sa surface, mais aussi en fonction de ses occupants.
Quel sera l’impact du vieillissement de la population sur le parc immobilier et son empreinte carbone ? Comment limiter à la fois le surpeuplement et le sous-peuplement ? Quelles solutions pour la reconfiguration de logements, la mutualisation d’espaces ?
Poser à la fois la question technique et celle des usages permettra d’optimiser la performance réelle des bâtiments
Chez Elioth et Egis, nous développons des solutions techniques dont la performance se mesure par m² : construction biosourcée, bioclimatisme, systèmes énergétiques bas carbone… Mais nous sommes persuadés qu’elles ne représentent qu’une partie des défis à relever.
Nous développons donc des outils pour construire une image détaillée de l’empreinte carbone des usagers, pour raconter leurs trajectoires de transition, pour trouver de nouveaux leviers.
Au-delà de la surface des logements, nous étudions les interactions entre systèmes bâtis, activités économiques et usagers sur toutes les composantes de leur empreinte carbone : besoins de mobilité, production et consommation de biens, de services, d’énergie…
Nous avons par exemple travaillé avec Julien Dossier de Quattrolibri, Mana et Egis Conseil sur un scénario de neutralité carbone pour Paris. Il racontait la transition aux niveaux territorial ET individuel, décrivant le quotidien de 9 familles dans cette transition, jusqu’en 2050.
Extrait du rapport de Paris change d’ère, disponible sur le site http://paris2050.elioth.com/
Concepteurs, aménageurs, industriels, promoteurs, si vous souhaitez explorer ces sujets et votre contribution à la neutralité climatique, travaillons ensemble !
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fournit des données, des analyses et une expertise pour permettre aux acteurs du bâtiment de comprendre et maximiser leur contribution à la neutralité climatique.
Félix POUCHAIN
Expert Environnements